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Pinault-Arnault, les frères ennemis du luxe


Bâtisseurs de deux empires français, François Pinault et Bernard Arnault se sont affrontés pendant une décennie pour s’imposer dans l’univers du luxe. Réconciliés, c’est avec l’art et le mécénat qu’ils rivalisent aujourd’hui.

« On ne blague pas avec Bernard Arnault, assure Janie Samet, journaliste de mode. C’est un grand bourgeois de province avec des principes, une éthique. […] François Pinault, lui, c’est le Français moyen : il vient du négoce du bois. C’est un monsieur qui a fait sa fortune, alors que Bernard Arnault est né avec une cuillère d’argent. A partir des années 1980, c’est avec le rachat d’entreprises en difficulté que les deux hommes vont bâtir leurs groupes : LVMH pour Arnault et PPR, rebaptisé Kering, pour Pinault. « Il n’y a jamais de grande fortune sans grand crime : tous deux se sont enrichis sur le dos de l’Etat, souligne le journaliste d’investigation Airy Routier. Epaulés par le Crédit ­Lyonnais, alors grande banque publique, Arnault, le polytechnicien descendant d’une famille d’industriels du Nord, est le premier des deux à s’ancrer dans l’univers du luxe. Autodidacte et fils de paysan breton, Pinault s’oriente d’abord vers le secteur du bois, avant de se recentrer sur la grande distribution et, enfin, sur le luxe, aux marges bien plus juteuses. Quand, en 1999, Pinault fait tomber la maison Gucci dans son escarcelle, Arnault, piqué au vif, ne ménage pas ses efforts pour la lui reprendre. Commence alors entre eux une course effrénée pour mettre la main sur les plus beaux fleurons de la mode et du luxe : en deux ans, plus de cent marques vont ainsi changer de propriétaire ! Une décennie durant, coups bas et batailles juridiques émailleront les relations jusqu’alors policées entre ces deux hommes qui partagent la même passion pour les créateurs et pour l’art contemporain. Sous la pression de leurs proches, ils signent en 2009 la paix des braves au cours d’un déjeuner organisé par leur ami commun, le milliardaire belge Albert Frère : « J’ai estimé avec Alain Minc, raconte ce dernier, qu’il était temps de rétablir les relations diplomatiques » Leur guerre aura eu cependant le mérite de ne pas assurer uniquement leur prospérité personnelle : « La France en a retiré un avantage évident, rappelle Airy Routier, puisque, grâce à leur conflit et à leur mégalomanie, elle a désormais les deux plus grands groupes de luxe du monde. »






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